Les schémas
Le modèle de Todorova et Durisin (dans Noblet et Simon 2010)
Le modèle de Boynton, Zumd et Jacobs (1994)
Définition des principaux concepts
Le concept de capacité d’absorption, développé par W. Cohen et D. Levinthal, peut être assimilé à une vision « Knowledge Based View » car il met en avant un savoir-apprendre organisationnel qui favorise l’innovation (voir Cohen et Levinthal 1990). On se différencie ainsi du modèle Ressources/Compétences (un savoir-combiner les compétences-clés) et du modèle des Capacités dynamiques (un savoir-s’adapter face aux changements),
Le concept de capacité d’absorption est alors mobilisé dans les recherches sur l’innovation : par Transfert des connaissances, par Apprentissage organisationnel ou par alliances stratégiques (voir les Écosystèmes d’affaires).
1. W. Cohen et D. Levinthal : la définition du concept de capacité d’absorption
W. Cohen et D. Levinthal (1990) définissent la capacité d’absorption comme « l’’aptitude à reconnaître la valeur de l’information nouvelle, à l’assimiler, et à l’appliquer à des fins commerciales ». Il s’agit donc d’un ensemble de routines d’apprentissage qui permettent de reconnaitre puis tirer parti d’une connaissance au départ « externe » pour développer une innovation en interne. On distingue alors quatre aptitudes de base:
- des capacités potentielles d’abord : l’aptitude à l’acquisition (reconnaître et valoriser des connaissances externes essentielles) et l’aptitude à l’assimilation (comprendre, analyser et interpréter l’information issue de ces sources externes);
- des capacités de réalisation ensuite : l’aptitude à la transformation (combiner ces nouvelles connaissances avec les connaissances existantes) et l’aptitude à l’exploitation (appliquer ces connaissances pour développer une innovation).
Sur la définition opérationnelle de ces quatre aptitudes voir V. Chauvet (2003) et sur les liens entre les capacités d’absorption et les difficultés de la distance cognitive voir les exemples de N. Van Hée (2008).
2. Les différents modèles expliquant le développement d’une capacité d’absorption
Autour des quatre aptitudes de base, plusieurs modèles de la capacité d’absorption ont été développés. Noblet et Simon (2010) détaillent ainsi de manière précise les modèles de Van den Bosch et al., de Zahra et George, de Lane et al., de Todorova et Durinsin… Dans ces différents modèles, la capacité d’absorption dépend toujours de facteurs externes et internes :
- les facteurs externes intègrent les connaissances de l’environnement et la position dans le réseau de connaissances (voir Le modèle de l’Open-Innovation);
- les facteurs internes intègrent bien sûr les connaissances antérieures (bases de connaissances, investissements en R&D, aptitudes individuelles, référentiels des communautés de pratiques…), mais aussi les routines ou processus qui forment la culture organisationnelle (communication entre fonctions, diversité des origines, rôle des « veilleurs » spécialisés, langage commun, gestion des ressources humaines…)
3. Le « climat de gestion » détermine la capacité d’absorption des technologies d’information (A. Boynton, R. Zmud et G. Jacob)
Pourquoi certaines organisations démontrent un plus grand talent que d’autres dans la gestion des processus liés aux T.I. ? Boynton, Zumd et Jacobs (1994) retiennent le rôle principal de la culture organisationnelle et proposent un modèle où le climat de gestion des T.I. apparaît comme le déterminant de la capacité d’absorption (qui elle-même influence alors l’utilisation effective des T.I.):
- le climat de gestion des T.I. est considéré comme la variable explicative : il correspond aux convictions, partagées et permanentes, concernant le rôle et l’intérêt des pratiques ou procédures liées aux activités TI. Une culture de l’échange d’informations entre spécialistes TI et utilisateurs est ainsi un élément caractéristique d’un climat favorable. On peut rapprocher ce concept de climat de gestion de celui d’ambiance organisationnelle proposé par J. Freiling (2010) dans le cadre d’une approche par les compétences;
- la capacité d’absorption est ici constituée de deux éléments : (1) les connaissances relatives aux TI et relatives au métier (détenues et échangées par les managers TI et les managers métiers) et (2) l’efficacité des routines et des procédures de gestion des TI (planification SI, gestion des ressources, gestion des projets, développement, maintenance, contrôle qualité);
- l’utilisation est enfin caractérisée par l’étendue des applications (différents types d’usage, mais en particulier les usages à caractère stratégique favorisant l’innovation, voir Stratégie de rupture).
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Voir les autres théories utilisées dans le développement des SI
Voir la carte générale des théories en management des S.I.
RÉFÉRENCES
Wesley Cohen, Daniel Levinthal (1990), Absorptive Capacity: A New Perspective on Learning and Innovation, Administrative Science Quarterly, Vol. 35, No. 1
A. Boynton, G. Jacobs, R. Zmud (1994), The influence of IT management practice on IT use in large organizations, Mis Quarterly, vol. 18, n° 3
J-P Noblet, E. Simon (2010), La capacité d’absorption, un état de l’art, Management & Avenir n° 35, p. 33-50
N. Van Hée (2008), Distance cognitive et capacités d’absorption: deux notions étroitement imbriquées dans les processus d’apprentissage et d’innovation, Revue d’économie industrielle n°121
V. Chauvet (2003), Construction d’une échelle de mesure de la capacité d’absorption, Congrès AIMS
J. Freiling (2010), Raison d’être et nature de la firme. Les compétences comme socle explicatif , Revue française de gestion n° 204
Voir sur le site IS Theory une liste de recherches en Systèmes d’information qui utilisent cette théorie :